- Trois légendes ardennaises
Il y a des lieux marqués pour la mort. Au tournant d’une route ardennaise, dans un vallon, parmi les fleurs (reines-des-prés, iris jaunes), dans le murmure d’une rivière folle, vous vous sentez soudain rempli d’angoisse. Chaque fois que vous y passez, cela se reproduit. Un jour vous apprenez que presque tous les crimes qui ont ensanglanté la région se sont produits dans cet endroit, ou à proximité…
Il y a bien des choses qu’on sait sans le savoir. Peut-être est-ce cette connaissance cachée qui provoque l’angoisse. Peut-être le souvenir de l’émotion peut-il émerger, alors que le souvenir thématique reste enfoui, parce qu’on le refuse. Ou alors, ce sont les lieux eux-mêmes qui gardent la mémoire des événements auxquels ils ont assisté, et ce sont eux qui nous en transmettent des bribes, à leur manière, comme la terre, les pierres et les plantes peuvent sentir les choses. Ce qui suit est l’histoire d’un lieu. D’un lieu précis, situé comme un point sur une carte, à l’intersection d’une route de campagne et d’un chemin de terre. Mais nous commencerons par tourner autour, car mieux vaut ne pas entrer sans précaution dans la chambre aux sept portes.
L’Amblève, rivière de légendes, prend sa source près du village d’Amel et se jette dans l’Ourthe à Comblain-au-Pont, après un cours de quatorze lieues. Ses rives ont vu naître Marcellin La Garde, le grand conteur. Notre histoire s’entremêle aux siennes. Mais il écrivait il y a plus d’un siècle, et tant de choses se sont passées depuis… Des événements anciens dont il parle, il ne dit d’ailleurs pas tout, loin de là. Des pans entiers des mêmes légendes se lisent chez d’autres auteurs. Il n’est pas interdit de les mettre en relation, et d’inventer le reste.
Une interprétation de la chanson des Quatre Fils Aymon : Les deux sources du pouvoir
Quand on passe le pont d’Aywaille, allant vers Liège, la route escalade le Thier des Gattes qui fut longtemps une brande, où paissaient les chèvres. Il est à présent couvert d’épicéas, semé de villas. A gauche, vers la vallée, un écriteau invite à suivre un chemin caillouteux en direction du château d’Emblève[1]. Dieu sait pourquoi, on écrit ici – c’est un fait – Emblève avec un E. Ce fut une imposante place forte, magnifiquement située, commandant le passage de la rivière entre le grand Comté de Luxembourg et le petit Duché de Limbourg – dont les princes, follement, mais avec des droits certains, prétendaient à la primauté sur tous leurs pairs. Selon l’érudit Ferdinand Henaux, Emblève fut avant cela le lieu de naissance des quatre fils Aymon. On en connaît l’histoire, mais à vrai dire peu de gens la savent toute, et presque personne n’en a saisi le sens. Charlemagne, qu’on présente généralement comme un souverain magnanime, fait ici mauvaise figure. Il persécute, et traque vilainement Renaud, Allard, Guichard et Richard, qui fuient d’un château à l’autre et se défendent comme des lions, du Nord au Sud de l’Ardenne et jusqu’en Aquitaine. Le dernier combat, la défaite et le pardon final – mais conditionnel – de l’Empereur, tout cela aura lieu sur les bords de l’Ourthe, à peu de distance d’Emblève, à Poulseur. Charlemagne a des raisons d’être en colère, il est vrai. Les fils Aymon étaient ses hommes liges. Leur oncle, un baron grandiosement rebelle, en son burg d’Aigremont, lui tue son fils venu en ambassade. Charlemagne sévit, puis pardonne. Peu après, provoqué par le neveu de l’Empereur, Renaud le tue dans un geste de colère. Cette fois encore Charlemagne voudrait pardonner, mais les contraintes d’honneur limitent sa clémence. Du reste, l’orgueil des frères lui rend la tâche impossible. De frustration en déception, la colère grandit jusqu’à devenir irrémédiable et cruelle.
Le sens profond de l’histoire, le voici. Plus qu’une épopée, et malgré la forme épique, l’histoire des quatre fils Aymon est une tragédie. Elle met en scène, à la manière de Corneille, le conflit insurmontable entre deux conceptions de l’honneur. Beuves, le terrible Sire d’Aigremont, père de l’enchanteur Maugis, représente de façon caricaturale l’honneur des sociétés claniques, celui qui prévaut à l’époque où toute forme de pouvoir central a disparu. Son frère Aymon, dit « de Dordonne » (d’Ardenne), est au contraire lié par les règles de l’honneur féodal à son suzerain Charlemagne. Il lui reste fidèle à travers tout, jusqu’à traquer ses propres enfants qu’il ne cesse pourtant pas d’aimer. Et les quatre frères, héros tragiques, sont écartelés entre l’une et l’autre conception. Mais la leçon que transmet l’épopée est claire, et subtile à la fois : certes, les temps ont changé, Beuves est anachronique, le pouvoir impérial est légitime, Renaud devra se soumettre et accomplir un long pèlerinage, avant de recevoir son pardon et de mourir à Cologne, en odeur de sainteté. Cependant, le véritable héroïsme reste celui des rebelles qui refusent de courber l’échine. L’éthique des Quatre fils Aymon est celle d’un peuple qui n’a jamais eu à se louer de ses gouvernants, qui s’en est méfié toujours, qui s’en est accommodé pourtant, tout en sauvegardant sa fierté.
Nous ignorons si Aymon et ses fils ont réellement vécu. Mais il faut le reconnaître, les traces de leur passage sont nombreuses dans toute l’Ardenne, et au-delà. D’après le cycle épique, leur aïeul s’appelait Doon, « cil k’on dist de Mayence, ki tant fu vaillans homs[2] ». Dans de vieux textes liégeois, on trouve mention en effet d’un certain Dodon, Dodo ou Doon, « aux six doigts » : il aurait été quelques temps comte de Mayence. Mais il était d’abord baron d’Avroy, et frère d’Alpaïde, la concubine de Pépin de Herstal. Ces gens aux six doigts étaient rudes et redoutables. Ce sont eux qu’on accuse de l’assassinat de l’évêque de Maastricht, Lambert[3], dont le martyre fit un saint, mais qui représentait sur place les intérêts d’une grande famille hesbignonne. Non sans motif, le successeur de Lambert sur le trône épiscopal de Tongres et Maastricht fut un homme apparenté au clan rival, celui des Pépin. Un allié donc, au moins pour l’occasion, des assassins plérodactyles. Son nom est célèbre dans l’histoire et dans la légende. Il est réputé s’être converti après avoir rencontré dans la forêt d’Andage un cerf divin, qui courait là depuis mille ans, au moins, et y avoir halluciné la Croix. C’est Saint Hubert[4]. Comme on sait, il renonça du coup à la chasse. Étant donné sa condition, il n’avait plus qu’à entrer dans les ordres. Du reste, étant donné sa condition, il y devint évêque, sans devoir trop attendre. Son cheval, abandonné, court encore dans la forêt d’Ardenne et, de temps à autre, porte secours à une jeune fille en difficulté. Hubert était un homme intelligent. Il comprit qu’il aurait à porter le poids d’un crime qu’il n’avait pas commis, mais qui l’avait mis à la place du mort, s’il ne trouvait pas le moyen de se dédouaner. Il prit deux décisions historiques : transférer le siège de l’évêché sur les lieux mêmes du meurtre, et faire de son prédécesseur le saint patron du diocèse, lancer son culte, diffuser ses reliques. Cela fut fait de main de maître. De ces décisions naquirent la ville de Liège, et deux siècles plus tard, la Principauté.
À un jet de pierre du lieu du crime, en Avroy, la famille aux six doigts restait puissante et impunie. Elle regardait passer les pèlerins avec, on l’imagine, un certain ricanement. Mais Avroy n’était qu’une de ses possessions. Elle avait des châteaux dans toute l’Ardenne. Aigremont, déjà cité, Emblève, Rossignol en Gaume, Poulseur, Monthermé sur la Meuse en faisaient partie ; et pourquoi pas – mais les chroniques ne le précisent pas – la très païenne citadelle de Chèvremont, dont plus tard l’évêque Notger s’empara par la force et par la ruse. Aymon, Beuves, les quatre Fils et leur cousin Maugis sont donc de cette lignée. Ou tout au moins l’admettrons-nous. Avaient-ils tous six doigts ? Ni la légende, ni l’épopée n’en parlent explicitement. Toutefois, il suffit de regarder l’imagerie populaire : quand on voit Renaud et ses frères assis tous les quatre en rang d’oignon sur leur bidet, on se dit nécessairement qu’il y a là quelque chose en trop.
Charles Martel avant Poitiers : 717, la bataille des brumes
Un peu en aval d’Emblève, sur les bords de la rivière qui porte le même nom (mais cette fois, avec un A), deux lieux-dits se font face : à l’Ouest, Rabotrive ; Martinrive à l’Est. C’est là que se trouvaient, en l’an 717, les camps de deux grandes armées : celle de Radbod le Frison, allié aux Neustriens, et celle de Charles-Martin, fils bâtard de Pépin de Herstal et d’Alpaïde, sa concubine. Plus tard, il mérita qu’on l’appelle Charles Martel. Il ne semble pas que la mère ait transmis à son fils la tare génétique qui caractérisait sa famille, mais ce Martin n’en était pas moins, pour moitié, un Doon-aux-six-doigts. Comme il appert de toutes les chroniques, ce fut un guerrier somptueux : en disposant en leur faveur de biens d’Église, il s’entoura de soudards austrasiens, se fit reconnaître malgré sa bâtardise, ramena à l’obéissance la Thuringe, l’Alémanie, la Bavière, une partie de la Frise, arrêta comme on sait les Arabes à Poitiers, s’attacha l’Aquitaine, soumit la Provence et la Bourgogne. Ayant ainsi réunifié le royaume de Clovis au profit de son roi, il oublia, à la mort de Thierry IV, de le remplacer, et ouvrit la voie au changement de dynastie.
La bataille dite d’Amblève, en 717, se situe tout au début de sa fulgurante carrière. Le triomphe qu’il y remporta n’est pas pour rien dans l’ascension des Pippinides. Charles était alors un tout jeune maire du Palais, peut-être encore mal assuré. Frisons et Neustriens venaient d’assiéger Cologne, mais ils avaient été bousculés par une attaque brutale, imprévue. C’était comme si la terre avait vomi des guerriers que nul n’attendait ; même pas, dans la ville investie, la veuve de Pépin, la régente Plectrude. Et de fait, Charles avait rassemblé sous sa bannière des gens qui jusque-là ne comptaient pour personne : les vagabonds, les charbonniers de l’Ardenne, les Nains des marais mal fréquentés de la Senne, les Sotais[5] des cavernes. La force de sa bâtardise lui alliait ces forces neuves, qu’il utilisait à ses amples desseins.
Plectrude aurait dû lui être reconnaissante, mais on la comprend : ce fils d’une rivale la dérangeait un peu. Elle l’envoya donc poursuivre les vaincus, dont elle savait l’armée intacte. Son calcul aurait pu changer l’histoire. Mais les chefs ennemis, qui avaient entamé un repli vers le Sud où Radbod n’avait que faire, se séparèrent à Prüm. Les Neustriens prirent le chemin de Reims, tandis que les Frisons rentraient chez eux par le Val d’Amblève, pensant descendre ensuite le cours de la Meuse. Charles les rejoignit, et les vainquit les uns après les autres, avec ses rouliers et ses sauvages, qui marchaient vite. Il faut savoir que les Frisons sont parmi les hommes les plus grands qui soient au monde et, certainement, aucun peuple d’Europe ne les approche pour la taille. Ils sont forts, élancés, hardis, mais têtus et taiseux de nature. En outre, de temps à autre, une sorte de langueur les prend, qui leur fait perdre une bonne partie de leur courage. Un peu comme Monseigneur Gauvain, si l’on veut, mais à l’envers. Car on dit que Gauvain, l’un des principaux chevaliers d’Arthur, avait au matin la puissance d’un homme de grande valeur, et à midi celle de trois ; après quoi sa force diminuait peu à peu jusqu’au coucher du soleil. Mais il est possible aussi de penser que sa valeur mettait du temps à se révéler, et qu’elle ne durait pas longtemps. Ainsi pour les Frisons, dont l’élément est la mer : bien plus tard, dans la suite des siècles, ils furent capables de se répandre sur tous les Océans, de vaincre les Portugais en Asie et leurs cousins d’Angleterre dans leurs propres eaux, mais ils furent bousculés par la populace et quelques bourgeois de Bruxelles et de Liège, exaltés par les chants d’Orphée.
Au pied d’Emblève, les deux armées se virent face à face. Il était tard. Fort logiquement, on remit au lendemain. La nuit se passa sous les étoiles filantes, qui tombaient en gerbes de la constellation de Persée. Aux feux du ciel répondaient ceux de la terre, les bivouacs des deux camps fourmillant d’étincelles dorées. Mais, dès les premières heures du matin, comme il arrive souvent dans la vallée d’Amblève, le brouillard survint, remontant la rivière, et tout le paysage fut noyé. Charles fut tenté d’attaquer quand même, tant il craignait que l’adversaire n’en profitât pour disparaître, mais on lui fit comprendre qu’il déraisonnait. Il ne tenait pas en place. Il voulut reconnaître le terrain, prit son meilleur cheval, quelques hommes, et partit en direction d’Aywaille, village à peine distant d’une demi lieue. Là, il y avait un gué, qu’il voulait essayer. Il n’alla pas jusque-là. Une vieille femme descendait en même temps le chemin de Florzé, et se trouva presque sous les pas de son cheval, qui fit un écart. Elle était petite et griffue, toute vêtue de sombre jusqu’à la haute coiffe de voile noir parsemée de perles de jais brillant. Charles, qui dans le brouillard ne l’avait pas vue jusqu’à presque la renverser, s’excusa, sans réfléchir, avec les manières de la Cour d’où il venait. Aussi rustiques qu’elles soient encore à cette époque par rapport à ce qu’elles allaient devenir plus tard, ces manières ne pouvaient qu’étonner une paysanne. Elle le regarda. Toute sa vie, il se souvint de ce regard qui le transperça mieux qu’une épée, dont au moins il eût pu se garder. Ses paroles, qu’il comprit pour avoir eu une nourrice ardennaise, n’avaient rien d’alarmant, mais son sourire était de miel et de vinaigre :
- « Louk a ti, m’poyon, binamé vî coû, måssi djône, èfant d’Marèye… Vos n’li såréz nin crohî, vosse Flamind ! Si dji ni v’s done on p’tit côp d’mwin, vos v’la l’hah’låde di turtos… »[6].
Ce n’étaient pas là manières de Cour, à coup sûr, ni d’ailleurs celles d’une paysanne quelconque. A ce ton familier, grinçant, souverain, Charles reconnut la sorcière, la makrâlle, et prêta l’oreille à son message.
Les trois sorcières qui appelaient Macbeth McFinnloech « thane de Glamis, thane de Cawdor» alors qu’il n’était que seigneur de Moray, lui promirent qu’il ne serait jamais vaincu dans la bataille « jusqu’à ce que la grande forêt de Birnam vienne à lui sur la haute colline de Dunsinane ». Cela se passait en Ecosse, en 1057. C’est trois siècles et quarante ans plus tôt que Charles Martel reçut, d’une makrâlle de Florzé, le conseil de munir chacun de ses hommes d’un camouflage de branches feuillues, et d’avancer ainsi, à travers le brouillard, comme une forêt qui marche… Bientôt, l’armée des Frisons de Radbod aperçut, à travers les lambeaux de brume, d’étranges petits arbres aux branches griffues, bougeant au rythme d’un vent dont, ni sur leur peau, ni dans leurs cheveux blonds, ils ne sentaient le souffle. Des arbres que l’instant d’avant, ils auraient crus plus éloignés – sans doute était-ce l’effet de ce brouillard, si dense qu’on y perdait tous ses repères… Jusqu’au moment où, toutes à la fois, les branches s’écartèrent dans un vacarme épouvantable d’armes qui s’entrechoquent et de hurlements. Est-ce à cause de la surprise ou, comme l’ont dit certains, de la langueur qui à ce moment-là les aurait envahis – peu importe, car dans un cas comme dans l’autre il y avait de la sorcellerie là-dessous, cette armée s’effondra. Les soudards de Charles en firent un massacre. Ce fut le premier, mais hélas pas le dernier, de ceux qui furent perpétrés à cet endroit.
Vie et mort de Griffo d’Emblève[7]
À la génération suivante, dans les mêmes lieux, nous découvrons Griffo. Griffo, fils bâtard de Charles Martel, le maire des deux palais d’Austrasie et Neustrie, vice-roi des Francs, et ci-devant bâtard lui-même. Griffo, arrière-petit-fils de Dodon aux six doigts. Griffo, prisonnier de ses demi-frères, enfermé par eux au château d’Emblève et qui, dit-on, y mourut. Son histoire se décline d’étrange façon, car il s’y trouve, d’un côté, ce fils maudit, et de l’autre les enfants légitimes qui, tous deux, ont dans leur destin quelque chose de trop court ou d’inachevé : Pépin, qui devint roi, surnommé le Bref ; et Carloman qui abdiqua, et qui comme tous les Carloman de sa lignée mourut jeune, avant même de s’accomplir.
C’est Griffo que le père préférait, parmi ses fils. Il retrouvait sans doute en lui l’image de sa propre jeunesse d’incertitude et d’aventure. Il aurait voulu l’avantager, lui donner au moins le même statut qu’aux deux autres, mais ne voulait ni l’amollir ni l’exposer à trop de haine, de sorte qu’il lui laissa longtemps le statut précaire, qui lui avait si bien réussi. Une chose, cependant, distinguait les deux hommes. Une chose des plus étranges : Griffo était né de mère inconnue… Charles était le fils d’une concubine, mais au moins celle-ci était-elle de très noble famille. Griffo, reconnu par son père, venait de nulle part. Comme c’est une chose difficile à croire (incredibile factum, dit un chroniqueur), il faut expliquer ici comment elle a pu se produire.[8]
C’est un jour une très vieille femme, que nul ne revit plus jamais par la suite, qui conduisit au palais de Herstal un bébé à peine né, auquel le cordon pendait encore. Elle impressionna les gens d’armes qui gardaient l’huis, et put se présenter au maître des lieux. Elle lui mit le bébé dans les bras, comme un paquet, en lui disant d’une voix sans réplique : « Wårdéz-lu : c’èst à vos[9] ». Et le glorieux maire du Palais, conquérant de dix provinces, prit l’enfant dans ses bras et se le tint pour dit. Comme la vieille ne pouvait pas être la mère et qu’elle disparut aussitôt, le mystère est entier. Seul, Charles Martel devait connaître la vérité. Mais jamais il ne parla. On supposa que la mère était morte en couches, et qu’il s’agissait, en tout état de cause, d’une paysanne, dont l’identité et la filiation comptaient peu.
Une version sensiblement différente est donnée (à vrai dire de façon très indirecte) par une seule source, dès lors fort sujette à caution. Mais elle est tellement étrange et, en même temps, tellement éclairante, qu’il faut en faire état. C’est un manuscrit du XVe siècle, provenant du scriptorium de l’Abbaye de Stavelot, actuellement conservé à Boston mais abondamment commenté par Rémy Soiron dans son excellent ouvrage sur les « Sources anciennes des Principautés de Liège et de Stavelot-Malmédy » (Liège, Presses Universitaires, 1887), qui cite longuement la chronique perdue de Waltherus de Rocherath, laquelle remonterait au IXe siècle : au regard de l’histoire, peu de temps après les faits. Un moine qui, vers 1460, cite un autre moine de la même abbaye écrivant vers 870, et qui, manifestement avait, à l’époque, l’original sous les yeux : après tout, on peut trouver des exemples de sources historiques bien admises et, pourtant, moins assurées.
Voici ce que raconte Waltherus, dans un latin raisonnablement correct pour l’époque : « anum ipsam pueri esse matrem, incredibile factum, rejicendum non est, nam saepe maleficae in istis confiniis aetatem et figuram convertere solent. At pater puerculum cum uno aspectu acriter conspectus est, extemplo recepit » : Que la vieille soit la mère de l’enfant, fait incroyable, ne peut pas être rejeté car, dans ces régions, les sorcières ont coutume de changer souvent d’âge et d’apparence. Quant au père, quand il eut regardé intensément l’enfant une seule fois, il l’accepta immédiatement…
Il n’est écrit nulle part, dans les textes, que la sorcière était de Florzé. Nous le déduirons de ce que nous savons d’événements plus anciens, et aussi d’événements ultérieurs, qui n’ont pas encore été racontés. Charles dut en partie son ascension à sa victoire sur Radbod ; et celle-ci, il la doit à une vieille femme dont tout, son apparence, son parler, ses pouvoirs, ses intentions mortifères, tout en somme fait une sorcière. Peut-on croire qu’elle ait agi sans arrière-pensée ? Et qu’a-t-elle pu demander en échange ? Peut-être un fils ? Charles était jeune. La femme était vieille, toute griffue, nous dit-on. Il a pu résister quelques années à ses pressions, puisque l’enfant naît plus tard, vers 726. De toute façon, il n’est pas nécessaire d’imaginer une union déplacée. Waltherus de Rocherath nous le dit : aetatem et figuram convertere solent… Un autre indice ne nous est-il pas donné par l’étrange prénom, Griffo, qu’il est le seul de toute la famille des Pippinides à porter parmi une accumulation de Charles, de Pépin, de Carloman, de Louis ? Griffo, qu’on appelait de son temps déjà le fils de la sorcière – et sans doute ses frères y étaient-ils pour quelque chose… Et ceci encore : que veut dire l’insistance mise par Waltherus de Rocherath à souligner le « regard intense » porté sur l’enfant par son père ? Uno aspectu acriter conspectus est… Y cherchait-il une ressemblance ? Ou des marques secrètes ?
L’histoire de Griffo n’en reste pas là. Son père, d’abord, voulait en faire un clerc. Il était remarquablement intelligent, car il apprit en se jouant le latin et même, fait rarissime à l’époque, le grec. Cela ne s’explique d’ailleurs que par la présence à la cour de Metz, en ce temps-là, d’un envoyé de Constantinople qui servait un peu d’ambassadeur, sans en avoir le titre, et savait tout ce qu’on pouvait avoir conservé de la vieille culture hellénistique. Il la transmit à cet élève avide. Mais, bientôt, Griffo plut aux filles, et sut qu’elles lui plaisaient. Il abandonna la tonsure et prit part aux jeux guerriers de ses frères. Avec frayeur, Charles dut constater qu’il était meilleur qu’eux en toutes choses. Il l’aimait de plus en plus. Mais un homme de son rang ne peut suivre ses inclinations. Pire encore, il ne peut même pas se contenter d’être juste. Protéger Griffo, c’était le mettre hors d’état de concurrencer ses frères. Après avoir considéré la chose sous tous ses angles, il fit de lui le chef d’une nouvelle maison, distincte de la sienne, celle des Barons d’Emblève. Il le dota de son vivant, ce qui, théoriquement du moins, l’excluait de la succession.
Griffo s’installa donc dans ce château – qui devait devenir sa prison – et y connut quelques années prospères et libres. Il devait l’ost à son père, et ne manquait aucune de ses innombrables campagnes, où ses armes (de sable au griffon d’argent) étaient célèbres et redoutées. Il aimait l’atmosphère des camps, les bruits, les cavalcades, les couleurs des oriflammes, les feux de bivouac. Il ne craignait pas les combats, ou pas plus qu’il ne le faut. Mais dès le retour de la paix, il invitait chez lui des savants et des poètes, ou ce qui de son temps en tenait lieu. On dit que Saint Boniface[10], qui voyageait sans trêve entre Rome, Nimègue, Mayence et Fulda, poussa souvent la porte du manoir, et qu’il s’y trouvait bien.
De ce dernier trait, s’il est avéré, on déduira que l’époque n’était pas obsédée comme le furent d’autres siècles, par la peur des sorciers. Ou alors, que Boniface avait l’esprit large, qu’il ne craignait pas plus que le Christ de se compromettre avec des publicains et des prostituées. Car la réputation de Griffo commençait à souffrir de la jalousie de ses frères, à la mesure de ses succès. Et cela ne fit que croître avec le temps, jusqu’au moment où, par la force des choses, et sans l’avoir voulu, il se trouva à la tête d’un parti, minoritaire mais ardent, celui des mécontents de l’ordre établi. Les autres ne le fréquentaient plus, et le baron de Malvoisin lui refusa la main de sa fille, même quand Charles Martel fut intervenu en sa faveur.
Ce qui courait les voies et chemins d’Austrasie, et c’était vrai, c’est que Griffo possédait à la main gauche six doigts au lieu des cinq réglementaires. On attribuait cette malformation à sa mère, la sorcière, sans même se rappeler qu’elle avait fait le nom des ancêtres maternels de son père. Ce qu’avait d’ailleurs cherché Charles Martel, quand il avait contemplé, uno aspectu, cet étrange cadeau d’une vieille, ce qui l’avait décidé à le reconnaître pour sien, c’était cette malformation précisément : signe d’appartenance lignagère, sans doute, mais signe dont lui-même et ses fils légitimes étaient exempts. Griffo était-il dès lors, à ses yeux, plus légitime que lui-même, ou que Pépin et Carloman, quant à leur lignée maternelle ? Est-ce assez dire ? Sait-on que d’après les mêmes chroniques, lorsque Griffo fut établi au manoir d’Emblève, une femme sans âge descendait tous les vendredis la route de Florzé, en boitillant, et se faisait recevoir au château ? Qu’elle avait six doigts à chacune de ses mains ? Pour ce qui est des pieds, nul ne les avait jamais vus.
En l’an 741 mourait Charles, maire du palais, duc et prince des Francs. Il disposa du royaume en faveur de ses deux fils, Carloman et Pépin, oubliant le troisième, comme il avait oublié de pourvoir à la succession du roi Thierry, quatre ans plus tôt. Sous la pression des grands, les deux maires du palais consentirent bientôt à l’intronisation d’un nouveau souverain. Ce fut Childéric III, le dernier descendant de Clovis en ligne paternelle à occuper le trône. Griffo assistait au couronnement. Ses frères, présents à la cérémonie tout comme lui, y virent une trahison : ils y étaient ès qualité, quand l’autre ne pouvait y être que par choix. Qui veut noyer son chien…
En 747, Carloman renonçait au pouvoir. On s’est demandé pourquoi. Il était jeune, sa santé à l’époque était encore florissante. Peut-être aurons-nous une hypothèse à faire valoir. En 751, Pépin, resté seul maître à bord, fit tonsurer son roi, et prit élégamment sa place.
La disparition du père laissait certes Griffo sans défense, mais il fut autre chose qu’une victime. Dès que la malveillance de ses frères fut prouvée, il leva son propre étendard et rassembla ses partisans. Le griffon d’argent rallia une partie de ceux qui naguère avaient suivi le jeune Charles-Martin. C’était une drôle de cour : faite de baladins, de brigands et de Nains, et de quelques seigneurs qu’un forfait, commis jadis ou récemment subi, éloignaient du palais. Carloman s’en moquait avec hauteur. Pépin, taciturne, calculait. Dans l’immédiat, aucun danger n’en provenait encore. Par prudence, il y mit des espions qui, n’étant pas moins hommes, disaient grande merveille de Swanehilde, la jeune compagne de Griffo, qu’il présentait comme princesse en Bavière. Toujours vêtue de robes de satin dont les longues manches cachaient ses mains, elle était belle comme une vierge de mai, avec ses cheveux longs et noirs et ses yeux flamboyants. Mais à vrai dire, nul ne savait d’où elle venait.
Taiseuse, on n’entendait jamais le son de sa voix, sauf peut-être quand un chant s’élevait de la plus haute tour où le soir, elle se retirait avec son compagnon. Selon les rares familiers qui avaient pu l’entendre, aucune voix n’enchantait comme celle-là. Griffo paraissait, à cause d’elle, le plus heureux des hommes. Boniface, cependant, ne venait plus… Ah, Boniface! Que penser de son amitié, quand on sait que c’est lui qui donna la première onction sainte à Pépin, à peine quatre ans après que Griffo eut été si durement navré… Mais il est difficile de juger d’un homme de Dieu, car ils suivent parfois d’autres règles que les gens du commun.
Un jour, parce que les forces autour de Griffo croissaient de semaine en semaine, parce que sa popularité lui faisait de l’ombre et qu’il refusait de jouer, devant l’histoire, le rôle des fils de Plectrude, dépouillés de leur héritage, Pépin se résolut d’agir. Voici comment : il y avait, à Pawionchamps près d’Aywaille, une terre de quelques arpents, appartenant au Baron d’Emblève, qui en tirait un bon revenu. Du temps de Charles Martel, une captation testamentaire l’avait soustraite aux biens du Seigneur de Harzé qui, de son château tout proche, voyait sans nul plaisir y travailler les paysans. Mais il n’avait jamais pensé recouvrer son bien, et jamais il n’aurait osé le faire, si Pépin lui-même ne l’y avait incité. « Une injustice commise par mon père, disait-il, ne doit pas être prorogée par ses fils ». Convaincu par ces paroles, il se résolut un jour à mettre la main sur la récolte. Provoqué, Griffo se devait de sortir de sa tanière et de défendre son bien et son honneur, ce qu’il fit avec succès. Mais il se trouva bientôt sous le coup d’une condamnation ecclésiastique : son adversaire était vidame de l’abbaye de Stavelot, et l’Abbé lui apportait toute l’aide de ses moyens particuliers.
Du coup, dans toute la région, on parla de plus belle des sorciers d’Emblève et de Florzé… Et les Maires du palais, dont une grande partie des biens provenait pourtant des spoliations perpétrées par leur père au temps de sa jeunesse, se proposèrent comme garants et champions des droits ecclésiaux. Carloman planta un jour son camp au sommet du Thier des Gattes, accompagné d’une troupe nombreuse, de deux évêques et trois abbés mitrés. Il dominait de là le château de son frère d’environ cent cinquante mètres ; en cet appareil, et de cette hauteur, il lui proposa une explication franche et fraternelle. La compagne de Griffo venait à peine de lui donner une fille, son premier enfant. Il voulait faire une grande fête en son honneur. Mais voilà : il lui était impossible de se dérober. Sachant ce qui l’attendait, il n’eut pas lieu d’être déçu. Pour prix de son pardon, le tribunal ecclésiastique voulut qu’il rende au Sire de Harzé non seulement la terre de Pawionchamps, mais en outre un bon tiers de ses propres biens et possessions.
Le plus vindicatif et le plus intéressé, l’Abbé de Stavelot, lui reprocha même de vivre dans le péché. C’était un comble à l’époque : tous les assistants pouvaient se sentir visés. En d’autres circonstances, cette remarque aurait valu une sèche réprimande à son auteur. Griffo connut son isolement au silence de son frère, et de tous les autres seigneurs présents. Bien sûr, il refusa. Il s’en remit au jugement de Dieu, comme les usages du temps le lui permettaient. Et tandis qu’il affrontait la haine de ses frères, la cautèle des gens d’Église, le mépris des puissants, les ricanements de ses pairs… à la même heure, au même instant, une vieille toute cassée quittait le château par une porte dérobée, avec en bandoulière une sorte de sac mal fagoté, fait de tissus noués hâtivement les uns aux autres. On découvrit bientôt que Swanehilde et l’enfant avaient disparu. On les chercha partout, en vain. Le seul indice fut une trace de sang séché, qui maculait de loin en loin la route de Florzé, et que léchaient les chiens errants.
Bientôt, la colère l’emporta chez Griffo, se gonflant de désespoir rentré. Il dédaigna l’idée de se choisir un champion, tandis que son adversaire, sur le conseil de Carloman, se faisait remplacer par un reître bavarois de forte corpulence, et de grande réputation. Le duel eut lieu le jour de Sainte-Anne de l’an 746, en présence d’une foule parmi laquelle Griffo avait ses partisans. Toutefois, peu de ceux-ci occupaient les places d’honneur sur les gradins hâtivement dressés. Le combat fut rapide et surprenant. Hergast de Lautenburg était trois fois plus puissant que son adversaire et maniait des deux mains une flamberge énorme, à lame dentée. Chacun de ses coups pouvait décapiter un bœuf. Griffo se tint d’abord à distance et donna l’impression d’avoir peur. Il évita un coup terrible en se portant rapidement sur la gauche et, déséquilibré, dut mettre un genou en terre. Là, il parut attendre avec résignation le coup suivant, qui l’atteignait de haut en bas et de gauche à droite quand, à la surprise générale, il réussit encore à l’éviter en baissant la tête, jusqu’à se mettre de la terre sur le nez… L’instant d’après, quand l’autre peinait à relever son glaive, il était debout contre lui, et de bas en haut portait un coup d’estoc qu’on eut à peine le temps de voir. L’effet fut ravageur. Même ses partisans du petit peuple en eurent la bouche coite, un bon moment. Griffo se retourna, salua de l’épée toute fumante et se retira sans un mot, tandis qu’une ovation immense l’entourait.
La justice divine en avait donc décidé, mais il savait qu’il n’avait rien à attendre de celle des hommes. Il fit relever le pont-levis du manoir d’Emblève, et se prépara à soutenir un siège. Carloman conféra avec ses capitaines. On décida que le combat n’avait pas été régulier. L’évêque le confirma, d’ailleurs : un tel succès relevait du maléfice. Mais il fallut attendre, deux semaines encore, que d’autres troupes rejoignissent le camp, pour que l’assaut s’organise. Du reste, en l’absence d’armes de jet assez puissantes, la position d’Emblève était imprenable. Beaucoup d’hommes moururent en vain. Le siège s’éternisa. En ce temps-là, les seuls moyens de prendre un château bien bâti, comme l’était celui-là, étaient d’affamer ou d’assoiffer ses défenseurs, ou de bénéficier d’une trahison. Or, Emblève regorgeait de nourriture et disposait d’un puits profond, inépuisable, qui s’alimentait aux eaux d’un affluent souterrain de la rivière, qu’on appelle de nos jours l’Achéron. Ce fut donc la trahison : quelques semaines après le début de la guerre, un voile rouge s’agita sur la muraille, au-dessus d’une poterne isolée, une main ouvrit une porte de chêne, laissant le passage aux ennemis du château. Griffo fut pris dans son sommeil, enchaîné. La garnison fut passée par les armes.
Carloman ne voulut pas tuer son demi-frère, malgré l’accusation de sorcellerie, à laquelle il ne croyait pas. Mais il le fit enfermer dans un cul de basse-fosse, en attendant qu’un tribunal ecclésiastique décide de son sort. On raconte encore, dans la vallée, qu’à dater de ce jour une étrange mesnie descendait toutes les nuits la route de Florzé, terrorisait les habitants et faisait fuir les voyageurs ; qu’elle se rendait au château, s’en rendait maître, et toutes les nuits menait le sabbat jusqu’à l’intérieur du cachot de Griffo. Qu’à ces ris sataniques il dut de mourir jeune, bien avant le jugement, bien avant le terme attendu de sa malheureuse existence. On dit aussi que de nos jours, on perçoit encore cette mesnie une fois l’an, la nuit de la Sainte-Anne, soit le 26 juillet. Mais rares sont ceux qui peuvent, sans mentir, se targuer de l’avoir entendue.
Carloman était un homme orgueilleux et colère, mais il ne se pardonna pas cette victoire. Son remords fut, dit-on, si intense, qu’il renonça au monde, au pouvoir qu’il avait exercé de douteuse manière, et qu’il se retira dans un monastère en Italie, où bientôt il mourut, lui aussi. Le restant de sa vie fut si édifiant, et son repentir si sincère, qu’il fut honoré comme un saint.
On se demande sans doute ce qu’était devenu le bébé, on se demande où était allée cette femme, Swanehilde – si c’était bien là le nom qu’elle portait. L’enfant, certes, vécut. La mère, si toutefois c’était bien une mère, remonta simplement la route de Florzé, y rejoignit sa chaumière et plus jamais ne fit parler d’elle, élevant sagement cette gamine et lui apprenant d’étranges secrets.
Sans doute y avait-il à tout cela une intention, assez forte même pour qu’elle traverse les générations, de mère en fille, jusqu’à ce que le but soit atteint. Pour certaines raisons, je pense que ce moment n’est pas encore arrivé, et que le mobile demeure, bien que j’ignore ce qu’il en est exactement. Ce qu’il me reste à raconter montre en tout cas le mobile à l’œuvre car, de temps à autre – rarement, à vrai dire – une de ces femmes se manifeste de telle façon que l’histoire, la grande ou la petite, en retient quelque chose et nous en transmet le souvenir. Le reste du temps, leur vie est calme et tranquille, une vie de paysannes faite d’humbles travaux, de pauvreté dignement assumée, rythmée de fêtes et de célébrations qui ne sont pas celles de l’Église.
[1] Les ruines de ce château se trouvent près d’Aywaille.
[2] Citation exacte d’un vers de la chanson de geste, qui fait partie du Cycle de Doon de Mayence.
[3] Saint Lambert, évêque de Tongres-Maastricht (636 ?-705), dont l’assassinat donna naissance à la ville et à la Principauté de Liège.
[4] Saint Hubert (656 ?-727) est son successeur.
[5] Le Sotai est le nom local des Nains ou Nutons.
[6] En wallon de Liège : « Fais attention à toi, poussin, cher vieux c…, mauvais jeune, enfant de Marie… Tu ne sauras pas le croquer, ton Flamand. Si je ne te donne pas un petit coup de main, te voilà la risée de tous ».
[7] Griffon, personnage historique, est un fils bâtard de Charles Martel. Mais l’histoire qui suit est légendaire.
[8] Certains, se basant sur des sources incertaines, disent que la mère de Griffo s’appelait Swanehilde et qu’elle était fille d’un duc de Bavière. Cela est faux – ou alors trop vrai. On trouvera plus loin l’explication de cette allégation.
[9] Gardez-le, c’est à vous.
[10] Saint Boniface de Mayence (ou Wynfrid de Wessex) (675-754).